Maladies professionnelles
D’un débat l’autre, la vie parlementaire propose parfois des collisions
édifiantes. Il y a quelques semaines on nous invitait à voter
quelques centaines de milliards d’euros de garantie aux banquiers
qui avaient joué avec l’argent des autres et beaucoup perdu
sur les marchés financiers. Leurs seuls objectifs était la maximisation
de leurs profits, la satisfaction de leurs actionnaires qui saluaient
chaque plan social par une hausse du titre en bourse
et la rémunération confortable de leurs dirigeants en toutes circonstances.
Pour ce grand sauvetage décidé en moins de 7 jours l’hémicycle était garni,
le consensus atteint.
Il y a quelques jours, au milieu de la nuit d’un vendredi au samedi,
nous avons traité à quelques parlementaires de la question
des maladies professionnelles à travers le débat sur le projet de loi
de finance de la sécurité sociale.
Comme l'a rappelé mon collègue Bernard Cazeneuve,
ce sont plus de 100 000 personnes quisont frappées par les maladies
professionnelles, notamment celles provoquées par l’amiante.
Ces maladies sont connues depuis longtemps pourtant il faut parfois
plus de 7 ans pour que les ouvriers qui ont été exposés soient indemnisés.
Beaucoup sont morts avant de voir leurs droits reconnus.
A l'issue du débat dans l'hémicycle, nous n’avons pas obtenu un euro.
Au moins, une mission d’information, finalement concédée,
nous permettra de rendre public les scandales liés à ces dossiers.
Nous sommes tous en cause.
Le gouvernement pour ne pas prendre les décisions nécessaires
dans ce domaine, les parlementaires pour ne pas assez nous impliquer,
les administrations - CPAM, FIVA -
pour trop souvent retarder les décisions en allongeant au maximum
les délais de réponse, au risque de trahir ainsi leur mission de service public.
Les amis du pouvoir sont traditionnellement plus souvent
banquiers ou dirigeants des entreprises en cause que mineurs de fond,
ouvriers du bâtiment ou agents d’entretien en train de mourir
pour avoir simplement fait leur travail dans un milieu
pourri par des produits chimiques.
Les quelques témoignages que vous pourrez découvrir ci-dessous montrent
pourtant que, grâce à l’engagement sur le terrain de quelques-uns,
il est possible d’aider concrètement les victimes, quitte à bousculer
les administrations en charge.
Je remercie Marcel Nicolaus et Roger Lambert délégués CFDT
pour les maladies professionnelles, de m’avoir mis en contact
avec quelques unes des victimes de l’amiante.
Les échanges que j’ai pu avoir sur ce dossier me confortent dans l’idée
que je me suis faite de mon rôle de parlementaire.
Je n’ai pas voté les milliards pour les banques.
Ma voix portera plutôt ceux
qui sont tentés de renoncer à faire entendre la leur.
Aurélie Filippetti