Histoires d’eaux d’ici ou d’ailleurs

Publié le par presencesud

 

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L'eau qui chante

Histoires d’eaux d’ici ou d’ailleurs


La source de la c
La source de la colère
A 70 km de Fès, Ben’Smim est un petit village rural du Moyen Atlas où il fait bon vivre. Au cœur de cette région montagneuse, un véritable « château d’eau », dans un pays en état de pénurie chronique.

L’activité économique est essentiellement agricole. Sa seule richesse est la source d’eau qui jaillit limpide et froide. Dans ce pays aride, elle autorise la sérénité depuis les temps séculaires.

Une richesse naturelle de plus en plus convoitée et menacée. Jusqu’au jour où, en 1999, une société industrielle s’intéresse à la fontaine avec l’objectif d’embouteiller une partie des eaux. En clair, un projet de confiscation de l’eau de la source du bled. avec des conséquences dramatiques sur la vie et l’activité agricole de 3 500 personnes et de 5 000 bêtes qui vivent de ce bien commun. En 2001, un contrat est signé pour 30 ans avec l’état qui possède 30 % de la résurgence, le reste appartenant à la collectivité locale et religieuse du village. Il prévoit le démarrage des travaux en 2004 et un prélèvement de 3 litres/seconde sur la source. La population se mobilise, une pétition est lancée.

Sous la pression, le projet s’enlise en 2006. En 2007, l’entrepreneur contre attaque et parvient à signer un protocole avec 8 représentants du village. Mais les réticences demeurent très fortes et l’industriel préfère laisser passer les législatives du 7 septembre 2007. Le 10 septembre, les pelleteuses sont installées sur les 3 hectares alloués par l’Etat, sous la protection d’un important dispositif de gendarmerie. Le 13 septembre, la population se mobilise et marche vers sa source. Sans eau, la vie peut s’arrêter, crie une jeune mère. Parmi les contestataires, 8 personnes sont arrêtées.

Le village est encerclé par les forces de l’ordre, les 2 routes d’accès sont fermées, avec interdiction de sortir sous peine d’arrestation pour les villageois. L’électricité est coupée tous les soirs en plein ramadan pour empêcher les opposants de se réunir. Outre ceux qui ont été arrêtés, les pouvoirs publics menacent une vingtaine de jeunes de poursuites pour manifestation illégale.

En avril 2008, les travaux sont suspendus une nouvelle fois. Qui dit privatisation, dit paupérisation, cela coule de source déclarent les chorfas du village. La raréfaction de l’eau est déjà une réalité dans la région et dans la vie quotidienne de Ben’Smim. Le réchauffement climatique y est à l’œuvre. La mondialisation aussi: les habitants sont laissés pour compte du développement, va-t-on maintenant les contraindre à l’exode rural, voire à l’émigration ?

Les choix agricoles sont en question : assécher les lacs pour exporter des fruits et légumes sur le marché européen ou économiser et partager l’eau entre tous pour vivre ici !

Les travaux, à nouveau, reprennent discrètement.

Les 8 habitants de Ben’Smim sont déférés  pour la douzième fois devant un tribunal de Meknès en raison de leur manifestation de septembre 2008 pour avoir protesté contre la privatisation des eaux de leur source.

Mais depuis la mobilisation ne faiblit pas et a dépassée les frontières du Maroc. L’action de l’ACME Maroc, avec d’autres associations permet de briser l’isolation du bled !

Une pétition est lancée et relayée en France. Une caravane de la solidarité a eu lieu le 18 janvier 2009 à Ben’Smim avec la participation de 25 associations régionales et nationales pour apporter un soutien massif et amical. D’autre part un collectif d’avocats de la région s’est mis en place pour défendre les habitants injustement déférés au tribunal.
 

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