rencontre de Villeneuve-Loubet suite

Publié le par presencesud

Villeneuve-Loubet Question 4    Partie2 



Anne: Je tiens à préciser concernant l'Education Nationale -je travaille comme Proviseur-adjointe dans un lycée professionnel, que nous avons mis en place des formations, des BTS sur les énergies nouvelles, le développement durable et que nous serons à même de répondre aux demandes des entreprises. Notre travail consiste à sensibiliser les jeunes pour ces métiers.

 

Anne-Marie: La formation se fait aussi au sein des entreprises.

 

Christian: Notre coût du travail face à la mondialisation conduit les pays d'Europe à se désindustrialiser. Cela nous conduit à être sur la défensive. Ce qui manque, c'est une politique offensive, qui accepte la concurrence, la compétition. A partir de nouveaux contrats qui prennent en compte le risque inhérent à l'entreprise et la protection des salariés, dans un échange cohérent, nous trouverons la solution. Evidemment, cela dépend  de la taille de l'entreprise, celles du CAC 40, différentes des petites et moyennes entreprises ou de l'artisanat. Les contrats devront être différenciés en fonction.  Par ailleurs, des secteurs sont à soutenir dans leur évolution. Ce qu'il faut refuser de toute façon, c'est le nivellement par le bas qui se met en place face aux pays émergents. Pensons à long terme au niveau européen, harmonisons les codes du travail. Revenons à des règles de protectionnisme.

 

Patrick: Nous parlons de la mondialisation, de l'Europe comme responsables de la situation actuelle, comme si cela relevait d'une fatalité. C'est faux. Il s'agit de la conséquence d'une politique. Référons-nous à Maurice Allais (Prix Nobel d'économie 1988). La concurrence,  n'est valable, ne peut s'autoriser, qu'à partir de situations comparables. Dans des situations non comparables, l'entreprise est appelée à couler.

Ajuster la mondialisation, cela dépend des volontés politiques. Au niveau européen, il est absolument nécessaire d'en revenir à plus de démocratie.

Le DIF (dossier individuel de formation) par exemple permet de gérer sa formation au lieu qu'elle nous soit imposée. Par ailleurs, le système des syndicats demande à être revu. 

On parle de l'agilité des entreprises, mais n'oublions pas le monde des actionnaires et la part qu'il prend au sein des sociétés. Ils ont un pouvoir absolu à ce niveau.

Je suis partisan d'une "Nouvelle Bourse", où les transactions seraient taxées, conduisant les entreprises à stabiliser leurs investissements en se donnant plus de moyens, et en avantageant de ce fait l'Etat. 

 

Roselyne:  La mondialisation, l'Europe, le développement industriel de la Chine, tout ce monde  évolue à toute vitesse et nous oblige à une vision à court terme. Nous sommes sous la pression du "marketing", nous sommes submergés par des valeurs marchandes. Tout cela est assez troublant. Devons-nous accepter ce formatage?

Ce nivellement par le bas nous conduit tout droit vers une situation de dumping social  parfaitement inacceptable. Sommes-nous si peu armés pour si peu réagir? Pour moi, il est essentiel de réfléchir à une vision à plus long terme au niveau de l'Europe: non pas uniformiser, mais harmoniser.

 

Anne: D'où la nécessité de repenser , de repréciser la "mondialisation". 

 

Patrick: Développer un pays nécessite une remise à niveau. Pour l'Angleterre, les Etats-Unis c'est différent. Car ils sont dans des économies qui ne peuvent pas être comparés aux nôtres. Nous sommes dans un système d'épargnants qui exigent des placements sûrs. Ce sont les capitaux sur le long terme qui maintiennent l'équilibre des entreprises, pas des capitaux volatiles. Il est impératif de trouver une alternative à la Bourse d'aujourd'hui.

 

Michel: Nous devons garder les pieds sur terre.

L'augmentation du prix du gas-oil est le résultat d'une spéculation surgie à la suite de l'augmentation Tout cela n'est pas viable. il faut penser que dans une économie d'échelle,  de masse, il n'y a pas de concurrence possible.des demandes, celle des pays émergents notamment, mais pas seulement. Les difficultés que rencontrent  les pêcheurs, les routiers, sont liés plutôt à des problèmes structurels (une flottille peu modernisée, un parc de transport routier trop important et mal organisé). Une politique plus globale peut exister qui ferait cesser des subventions octroyées aux uns et aux autres, lesquelles sont en final  à la charge des contribuables.

Le protectionnisme, ça marche dans les deux sens. Exemple aux USA, le gouvernement a diminué pendant les trois mois d'été les taxes sur l'essence. Le résultat, c'est une fuite en avant aux

conséquences désastreuses. Dans cette affaire, nous nous apercevons que l'Europe sert de garde-fou.

 

Stéphane (de Nice): Petite parenthèse, à la différence d'ici, dans les sections, jamais je n'entends un militant parler de chômage. 

 

Je reprends: Les subventions ont un sens dans le domaine associatif. Elles se comprennent plus difficilement pour les entreprises: Aider les entreprises du CAC 40 (67 milliards d'Euros dont 30% seulement aux PME), c'est aider l'actionnariat! 

Une entreprise doit embaucher quand elle en a besoin. C'est le carnet de commande qui incite à l'embauche . La subvention à l'embauche n'est pas une bonne logique en soi. C'est la croissance qui est le moteur.

Le pouvoir politique existe aujourd'hui, mais à l'échelle européenne, peu maintenant au plan national.

 

Loïc:  Dans la mondialisation, le protectionnisme se conçoit mal, surtout au niveau national français.  L'Allemagne maîtrise sa balance commerciale. Elle transforme un savoir-faire technologique en une force économique.

Je travaille dans les circuits intégrés. Ceux-ci sont sont fabriqués en Asie. Mais c'est l'Allemagne qui  vend aux Asiatiques toutes les machines
hyper sophistiquées qui servent à leur fabrication. La même chose pour les appareils photos venant d'Asie, c'est l'Allemagne qui en a fabriqué les optiques, les lentilles. Elle est, de cette façon, excédentaire à l'exportation.

 

Khaled: Il ne faut pas oublier le Capitalisme financier qui par le biais des investissements étrangers prend un pouvoir de plus plus grand au sein des entreprises, et agit et influence y compris les  banques -exemple la Société Générale: Dans ce cas malgré la pression du politique, en l'occurence N. Sarkozy, elle garde le contrôle sur ces décisions, (celui de maintenir son PDG). C'est en ce sens que je dis que l'économique prend le pas sur le politique.

 

Loïc: De toute façon, le pouvoir politique est fragmenté en différentes strates: Région, National, Europe, les Organismes internationaux -qui sont pour la plupart très à Droite. Nous  socialistes, nous avons à jouer à tous ces niveaux.

 

Patrick: Les investisseurs internationaux, les capitaux, à l'heure actuelle, se focalisent sur le pétrole, l'alimentation, des produits sans risques et dont ils savent qu'ils peuvent faire monter les enchères, d'où une spéculation accrue sur ces produits de base.

On a l'impression, face à ces phénomènes, qu'aucune puissance politique n'a le pouvoir d'intervenir véritablement. 

Au sein des entreprises, les actionnaires ont les plein- pouvoirs, en poussant à la vente quand ils l'ont décidé ou à la délocalisation, en faisant du salariat, leur variable d'ajustement.

 

Loïc : Concernant la mondialisation, il faut se dire que tout se tient
(c'est le "gagnant-gagnant): s'il y a création de valeur ajoutée en Inde, les effets peuvent s'en ressentir en Europe ou aux USA. Je citerais l'exemple d'une multinationale créant 2000 emplois sur 10 ans (salariés NTIC en Inde), il faut savoir qu'avec 25% d'augmentation de salaire par an, une bonne partie de ces salariés gagnent maintenant autant qu'un Américain. De plus, cette entreprise,  faisant appel à la haute technologie,  a permis en même temps, le doublement
(de 450  à 900 employés) d'emplois à forte valeur ajoutée, ici, en France. 

 

Jocelyne: Il faut quand même parler des entreprises qui outrepassent les règles, profitant de la position de faiblesse des salariés face à l'emploi.

Je peux citer l'entreprise Virbac par exemple- j'y étais DRH stagiaire sans  contre-partie, qui fait des formations  sans aucune rémunération, qui emploie ses salariés au SMIC sans aucune augmentation de salaire pendant 5 ans, qui utilise des intérimaires ( 150 à 250), alors qu'elle pourrait embaucher sur des postes à temps plein, qui compresse au maximum les emplois. Ces entreprises fraudent sans vergogne, et ne sont pas sanctionnées. Tout cela se fait dans le dos des politiques locaux qui ferment les yeux, au mépris des conventions collectives et tout le monde accepte. On peut voir ça tous les jours dans d'autres entreprises sur tout le territoire. Nous sommes tous responsables dans ce laisser-faire.

C'est en ce sens que faire de la politique, cela nous concerne tous, au quotidien. C'est cela la prise de conscience citoyenne, telle que Ségolène s'est évertuée à la faire surgir en nous à travers nos débats. Etre réactif, c'est important. Il y a eu le Front Populaire de 1936 pour libérer les salariés, les barricades de 1968, pour libérer la société, et nous nous laissons faire devant ces régressions de tous les jours de toutes sortes et devant ces nouvelles lois  qui mettent en péril ce pourquoi tant d'autres se sont battus.

 

Roselyne : J'ajouterai juste: A personnel réactif, entreprise réactive.

 

Jolfred: Si la recherche est un support dans l'innovation pour les grandes entreprises, elle peut être également utile aux PME. C'est une des conditions de leur développement.

 

Stéphane (de Nice): La Recherche existe aussi dans le Privé. Des inventions majeures sont issues du Privé: Dupont de Nemours et le nylon,  le téléphone avec TNT et G. Bell. L'innovation à partir de la Recherche, qu'elles soient publiques ou privées , elles ont chacune  un rôle à jouer. 

 

Daniel: Tout va de plus en plus vite, la recherche fondamentale, la recherche appliquée, qu'elles soient publiques ou privées doivent travailler en parallèle. L'investissement ne doit pas se faire à perte pour les entreprises. Etre à la pointe de l'innovation reste leur challenge et  une formation des compétences, en est l'accompagnement. Pour autant, les salariés dans la conjoncture où ils perdent leur emploi pour des motifs justifiés concernant l'entreprise, cette Formation ne pourrait-elle pas être comptabilisée lors de leur nouvelle embauche (comme des unités de valeur), la nouvelle entreprise rétrocédant une partie du montant de la formation à l'ancienne?

 

Anne-Marie: Dans un contrat de projet, le but est de coupler la Recherche à l'Entreprise. Cela sur des territoires, dans des Pôles de compétitivité, en lien direct avec les Universités et les organismes de Formation. Nous devons dire que dans le Département, l'argent est là, les projets sont là, mais rien ne se passe. Le problème: Le petit nombre d'étudiants intéressés. Celui aussi du Foncier grevant les budgets. Pourtant avec ce contrat de projet, nous pouvons agir sur les mentalités.

 

Anne: On peut observer au plan national que de moins en moins de jeunes sont attirés par des études scientifiques. Ce qui nous pénalise.

 

Daniel: On ne montre pas suffisamment le chantage actuel de le Droite. Passer à 40 ans d'activité, va-t-il résoudre le problème du dumping social du fait des salaires des travailleurs chinois ou d'ailleurs? 

Concernant l'emploi, celui des quinquas notamment, l'ANPE n'apporte pas les services auxquels on pourrait s'attendre. Il faut savoir qu'il y a très peu de dialogues, peu d'interface entre entreprises et ANPE pour inciter à l'embauche. Un contact direct entre celui qui est demandeur et l'entreprise réglerait bien des problèmes, dans la mesure où des petites entreprises ont souvent des préjugés concernant les plus de 50 ans. Un contact intergénérationnel entre jeunes et personnes d'expérience est positif pour toute entreprise quelle quelle soit. On assiste à l'inverse aujourd'hui, ainsi qu'à la perte des savoir-faire. Il manque des passerelles.

 

Anne-Marie: Il existe le PLI (plan local d'insertion) qui peut favoriser ces échanges.

 

Daniel: Le "Job Center" en Angleterre.

 

Christian: Nous devons reprendre la main idéologiquement. Nous devons contrer les mensonges idéologiques de la Droite. Concernant les délocasitions en Chine par exemple, nous sommes dans un rapport de 1 à 10; Concernant la mondialisation 95% des échanges se font en Europe.

Il n'y a pas de solution "nationale". On ne se sauvera pas tout seul .Les solutions sont d'abord européennes, dans une Europe sociale.

 

Jolfred: Il y a un problème de syndicalisation dans les entreprises. Je suis pour que "se syndiquer" devienne obligatoire dans les entreprises. C'est une idée de Ségolène. Il  y va de l'intérêt des salariés. On ne peut que constater le peu d'adhérents en France, contrairement à d'autres pays, des pays du Nord par exemple, où participer en responsable, crée un intérêt commun entre patrons et salariés.

 

Stéphane: L'image de certains syndicats fait de la contre-publicité dans les petites entreprises. Dans la plupart, on remarque l'absence de délégués syndicaux. Nous sommes dans une société individualiste, c'est un constat.

 

Anne-Marie: Effectivement, j'ai l'exemple d'une entreprise où sur 8000 salariés, 14 seulement sont syndiqués. On ne peut que le déplorer.

 

Stéphane: Faire appel aux syndicats uniquement quand cela va mal n'est certainement pas la solution.

 

Daniel: Les syndicats devraient avoir un statut de co-gestionnaire dans l'entreprise. concernant les entreprises de moins de 10 salariés, Ségolène parlait de syndicats intercommunaux autogérés, comme en Suède ou au Danemark, dans un soutien permanent aux salariés des différentes entreprises sur la zone.

 

 

Véronique dapresencesud clôt le débat: Si nous sommes là c'est par envie de faire des choses ensemble. La politique a encore de beaux jours devant elle, en ce qui nous concerne. Il faut sortir du jargon socialiste pour avancer. Ce débat participatif, vivant, particulièrement intéressant, dans la bonne humeur,  nous permet des contributions plus riches et plus en phase avec la société.

Conclusion: L'Europe reste notre chance.

L'idée de J.L. Bianco est à retenir -le jumelage des sections socialistes au niveau européen. Nous pouvons tous le mettre en action dans nos sections

Les citoyens  doivent prendre en main leur destin. 

Il y a toujours des Profiteurs, des Exploités, un raccourci qui traduit bien cependant notre situation actuelle:

Renforcer les contre-pouvoirs ceux qui existent, les syndicats, en créer d'autres, nos débats en sont un exemple, vis à vis d'une prise de conscience citoyenne et d'un vivre ensemble, nous paraît la solution.

Notre planète ne pourra continuer à suffire à tous nos besoins tels que nous les développons actuellement. Ralentir des productions de consommation à tout prix, développer, au plus près de l'humain. Des pistes sont encore à creuser, certains s'y emploient. Ne nous laissons pas berner et surtout soyons vigilants et riches de contre-propositions constructives.

 

Le "pot de l'amitié " suivit, l'ambiance fut excellente.
Pensions-nous quelque part avoir été "utile et serein"
à l'issue de cette rencontre.


A partir de ce débat,
une contribution concernant la question 4 a été rédigée. 
une synthèse en sera extraite.
Nous attendons les volontaires.

 

 

Les notes ont été prises
par Anne Majri de Cannes
et Christiane Huet de Vallauris,
toutes deux dapresencesud


"J'ai tenu à restituer au plus près,
la parole de chacun.
Il me sembleque c'est le principe même de ces débats."

Christiane Huet rédactrice

 

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